Qu’est-ce qu’une sculpture digitale ?

Pour répondre à cette question, il faut commencer par se demander :

Qu’est-ce qu’une sculpture ?

Depuis Marcel Duchamp et le Ready Made, la définition même de la sculpture a été totalement remise en question. Aujourd’hui, est une sculpture ce qui est revendiqué comme tel par son auteur.

(voir ma conférence sculpture numérique aux Nouvelles Métamorphoses 2013)

Qu’est-ce qu’une sculpture digitale ?

Probablement une sculpture conçue de façon digitale.

Si on peut aujourd’hui concevoir dans des logiciels 3D pratiquement tous les objets dont nous nous servons, dans lesquels nous nous déplaçons et habitons, pourquoi pas les sculptures ?

Évidemment, celui qui les conçoit n’a pas (pour l’instant) les rapports au toucher et au corps. Il ne peut dans un premier temps que « sentir », imaginer, mais c’est ce que fait constamment l’artiste quand il conçoit une œuvre, mentalement ou sous la forme d’une esquisse.

Par contre le numérique brise toutes sortes de limites, il offre l’accès à des recherches de formes tout simplement impossibles à concevoir mentalement (on voit déjà à quel point il a permis de renouveler l’architecture), et aussi à la perte de toutes contraintes physiques de gravité, de solidité, de faisabilité, de taille, à la fin du socle, à l’intégration du mouvement.

Une sculpture digitale peut très bien flotter dans l’espace, être gigantesque ou minuscule, ou ne pas avoir de dimension fixe, ni même de dimension, et être physiquement impossible.

Sous quelle forme apprécier une sculpture digitale ?

Dans un écran

Si une sculpture est conçue en 3D, via un écran, la première façon de la regarder est bien l’écran ! Écran qui nous renvoie des images en 2D.
La succession d’images d’un volume, cohérentes entre elles, nous fait parfaitement admettre l’existence de ce volume.

Si la sculpture évolue dans le temps, si l’on ne peut se contenter de la regarder selon un seul angle, l’écran sera parfait.

En photographie

L’immense habitude que nous avons de la représentation photographique nous permet d’admettre le volume de l’objet photographié.

Rodin fut l’un des premiers à le comprendre, développant d’importantes collaborations avec des photographes.

En tirage 3D

…ou toutes méthodes de fabrication, numériques ou pas, à partir de fichiers 3D.

Exemple : les Walt Disney Productions que j’ai modélisées pour Bertrand Lavier.

C’est intéressant, ça se développe, mais en même temps, c’est revenir à une forme finale très traditionnelle. À mon sens, c’est s’éloigner de la pureté du concept initial.

En réalité augmentée

Les écrans ne sont que des interfaces provisoires destinées à nous permettre d’appréhender des volumes. Ce sont les meilleures interfaces dont nous disposons actuellement, mais destinées à disparaître pour la réalité augmentée.

Mais pour l’instant, il faut attendre encore un peu pour pouvoir en profiter sans un masque contraignant.