Walt Disney Productions

En 1994, alors que je suis en charge du design graphique des Cahiers du Musée national d’art moderne Centre Pompidou depuis deux ans, je parle au rédacteur en chef, Daniel Soutif, de ma découverte et passion récente pour la 3D et de tout ce que je pense que cela va révolutionner.

Alors que celui-ci prépare un numéro spécial Sculpture dans lequel il a demandé à Bertrand Lavier d’intervenir, il décide de me mettre en relation avec lui. Il pressent que quelque chose d’intéressant pourrait sortir de notre collaboration.

En effet, le déclic se produit immédiatement entre nous !

Bertrand me confie l’exemplaire du Journal de Mickey n°1279, de 1977, dans lequel Walt Disney a imaginé une enquête de sa souris préférée dans un musée d’art contemporain. Il souhaite faire quelque chose à partir des sculptures représentées dans cette bande dessinée et me demande d’y travailler.

Quelques années auparavant, intéressé par la vision de l’art de Walt Disney, Bertrand Lavier en avait extrait et fait agrandir certains des tableaux dessinés dans la BD. Ce qui avait donné naissance à sa célèbre série des Walt Disney Productions.

Je modélise en 3D les sculptures dessinées et c’est totalement fasciné que Bertrand découvre sur mon écran la première d’entre elles, en volume, que nous pouvons faire tourner et observer sous tous les angles. Les possibilités et surtout, les interrogations, ouvertes par ce champ nous explosent à la figure.

C’est le début d’une longue collaboration ! Je modélise sept des sculptures représentées, non sans difficulté car les dessins de Walt Disney ne sont pas forcément cohérents en volume. Et nous décidons de les mettre en scène dans une salle d’exposition virtuelle. Je réalise cet espace 3D comme les sculptures : d’une manière suffisamment photo-réaliste pour troubler l’esprit du spectateur sur la réalité de ces sculptures.
Bertrand souhaite que le questionnement soit constant et les réponses n’arrivent jamais : s’agit-il de photos ? Les sculptures existent-elles en « vrai » ? Ont-elles été réellement exposées ? Et encore plus étrange : peut-on exposer des sculptures avant qu’elles n’aient été réalisées ?

Tous les champs qui animeront ma réflexion et ma démarche ultérieure sont déjà là en filigrane.

La couverture de ce numéro 47 des Cahiers, ainsi que la quatrième de couverture et sept double-pages intérieures sont consacrées aux images que je calcule alors, présentées comme un reportage noir et blanc dans une salle d’exposition étrangement vide de visiteurs.

Parmi la multitude de possibilités, quelques autres informations intéressantes sur le sujet :